Myriam Soulanges
Chorégraphe, danseuse, performeuse
En Guadeloupe, je développe mes projets chorégraphiques depuis 2010, création de l’association Back Art Diffusion. Mon travail trouve ses empreintes dans mon récit et mes expériences personnelles. Le témoignage s’intègre dans mon processus d’écriture. Il permet de saisir les complexités des identités et de s’opposer au déni comme acte politique et poétique. Sensible aux inégalités sociales et à l’entrecroisement des oppressions, mes réflexions s’appuient sur les différentes formes de marginalités.
En 2018, je collabore avec Anne Meyer, chorégraphe et Guy Gabon, plasticienne et cinéaste, sur la création de Yué # sororité une pièce plastique, chorégraphique et participative qui se construit avec les habitantes. Sur chaque territoire, de nouvelles modalités de sororité s’inventent. Un temps pour chacune, pour libérer la parole, loin de tous jugements. Faire alliance contre les stéréotypes, le sexisme ordinaire et l’invisibilisation des femmes dans l’espace public.
Cette rencontre donne naissance en 2019 au collectif Z.O.T - Zone d’Occupation Transitoire, qui engage un travail artistique transdisciplinaire, performatif et expérimental. L’intention est d’agir sur les questions d’inégalités de genre, sur l’écoféminisme décolonial et intersectionnel. Nous développons un terrain de jeux dans lequel nos pratiques interrogent les multiples manières de faire oeuvre dans des espaces occupés temporairement.
En 2022, création d’un récit chorégraphique, Cover, dans lequel des textes, des interviews et des archives radiophoniques viennent construire la chronologie et la dramaturgie du solo, en lien avec les mécanismes d’oppression sur l’identité noire. Je livre une double histoire, par un dialogue croisé avec mon père, Socrate, guadeloupéen immigré à Paris en 1954.
2024, collaboration avec Marlène Myrtil, Tropique du Képone est une pièce de danse aux manières afrofuturistes. Nous soulignons l’urgence d’agir et la nécessité de sortir des ordres imposés pour répondre à l’état des lieux préoccupant en Guadeloupe et en Martinique, lié à l’utilisation de pesticides dans les bananeraies. Nous nous projetons dans un avenir victorieux afin d’apporter aux luttes du passé et de notre présent, par l’art du détour et de la fugue.
@ Guy Ziegler